Témoignage d‘une mère avec un adolescent tyrannique : « La défusion d'une mère avec son adolescent, un processus nécessaire favorisant l'apaisement familial»
Quand nous devenons parents nous sommes confrontés à un nombre incalculable de
premières fois : première nuit, premier repas, premiers pas, première rentrée…. Nous
entendons beaucoup parler et sommes accompagnés dans les premiers instants de
vie de nos enfants mais qu'en est-il lorsqu'il est plus âgé ?
Les premières fois continuent : première rentrée au collège, premières transformations
physiques, premier amour, …. Et pourtant en tant que parent nous nous retrouvons
livrés à nous-mêmes pour gérer toutes celles-ci…. Si la chance vous sourit, votre
enfant (et vous-même) traversera cette période avec quelques oppositions mais sans
trop d'embûches (je l'espère car celui qui m'a fait contacter Julien EST ma première
fois !), mais si votre enfant a une histoire plus complexe, des traumatismes ou des
troubles particuliers, celle-ci peut rapidement devenir un enfer….
Axel est mon premier enfant, mon premier ado, mon premier combat…. Il a grandi
dans une famille brisée, parents divorcés quand il avait 5 ans, il a ensuite été maltraité
par son père en protégeant son petit frère de 18 mois plus jeune… Ainsi je me suis
positionnée en défenseuse, comme une lionne enragée envers quiconque toucherai à
nouveau un de mes enfants et évidemment la perte de confiance envers le père d'Axel
est détruite. J'ai dû chercher pour mon second fils un système éducatif différent de
ceux que je connaissais mais qui se calquait assez bien à celui avec lequel j'avais
grandi : ce que l'on appelle aujourd'hui l'éducation bienveillante. Mais voilà la
culpabilité de leur histoire m'en a fait oublier le cadre nécessaire qui devait
l'accompagner afin de trouver un juste équilibre ….
En classe de 3ème, Axel a commencé à nous faire percevoir ce manque, il a passé
une année très compliquée, pas de travail, échec au brevet, l'arrêt du foot, les
mauvaises fréquentations se sont accumulées, le contact à la drogue… une descente
aux enfers qui s'est immiscée dans notre foyer de manière insidieuse, petit à petit,
chaque écart devenant de plus en plus important … Nous avons tenté une
psychothérapie imposée à Axel mais sa capacité à manipuler son monde lui a permis
de très vite l'arrêter sur les consignes de la thérapeute jugeant qu'il avait compris la
leçon, s'était remis en question et que tout allait bien aller à partir de maintenant.
Le répit a été de courte durée, la situation s'est encore accentuée, avec des délits de
plus en plus importants. Nous étions très en difficulté face à ces comportements, ne
sachant qui contacter et surtout comment l'y contraindre et que ce soit enfin une aide
efficace.
Je travaillais à ce moment-là dans le médico-social et l'idée m'est venue d'un
éducateur spécialisé. Une énième infraction … j'ai laissé « le choix » à Axel du type de
suivi en lui exigeant d'en choisir un : psychologue ou éducateur, sa première
expérience avec la psychothérapeute ayant été négative à son goût il a de suite choisi
la seconde option. Je me suis rapidement activée à trouver quelqu'un et ce fut Julien
Broussous.
J'avoue être restée perplexe au début sur cette prise en charge en distanciel, mais je
choisis d'y mettre de la confiance et de toute façon au point où nous en sommes ça ne
peut pas être pire … Dès la première rencontre, j'apprécie cette phrase « je vais
accompagner la famille d'un point de vue éducatif puis thérapeutique, pas seulement
Axel qui n'est que l'enfant symptôme du dysfonctionnement du système familial ». Je
ne vais plus juste amener mon enfant rencontrer un professionnel car IL est le
problème, je vais être accompagnée, nous allons être accompagnés dans nos
difficultés ENFIN !
Au final les rendez-vous en distanciel sont confortables, et tout le monde y adhère
bien, chaque semaine le père d'Axel, Axel et moi-même nous retrouvons pour faire
90
face à nos situations difficiles, pour reprendre nos places respectives et être conduits
dans notre réflexion personnelle.
Nous en sommes à plus d'une année d'accompagnement avec Julien, une année de
haut et de bas, ponctuée de crises et d'infractions toujours plus importantes malgré les
déblocages positifs de l'accompagnement. En effet la violence physique n'est
rapidement plus présente au sein de notre système et la verbale se fait rare, chacun a
repris sa place éducative, celle- ci est parfois encore dure à tenir mais le père d'Axel et
moi-même sommes soudés pour y arriver.
Je sais que l'accompagnement sera encore long, Tom reste dans une problématique
de confrontation à la loi malgré le cadre qui lui est maintenant imposé… La réalité qu'il
s'est créée interfère beaucoup avec la nôtre malheureusement.
De mon côté, j'ai intérieurement beaucoup appris sur moi-même, sur la perte de
contrôle dont nous devons faire preuve dans l'éducation de nos enfants. J'arrive à
jongler entre cadre et bienveillance éducative avec beaucoup plus d'aisance et sans
aucune culpabilité quand la sanction doit être appliquée. Je suis résiliente quant à la
situation d'Axel, s'il y a un an de ça je me serais battue corps et âme afin de lui éviter
une sanction judiciaire, je me dis aujourd'hui que si celle-ci est nécessaire pour qu'il
reparte vers le bon chemin qu'il en soit ainsi…
Cette expérience m'aura fait grandir dans mon rôle de mère, j'ai évolué dans ma
manière de voir les choses et dans l'accompagnement que je souhaite apporter à mes
enfants, étant mère de 5 enfants je sais qu'elle m'aidera pour chacun d'eux.